Keith Haring, tout l’art du pictogramme – des petits dessins qui en disent long
Rédaction : Cilou de Bruyn
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Ils sont partout : dans votre auto et sur l’étiquette de vos vêtements, sur la route et dans les lieux publics, dans les transports et dans votre téléphone, dans les magasins et les magazines. Météo, chimie, santé, signalétique, environnement, éducation, informatique, tous les secteurs y ont recours. Informer le plus clairement et le plus rapidement possible : voilà la mission du pictogramme. Ces jolis petits dessins stylés, sont aussi incontournables qu’universels.
Première forme d’écriture, apparue en Mésopotamie entre 3400 et 3300 av. J.-C., le pictogramme, ou pictographe, est une représentation graphique schématique, un dessin figuratif stylisé, un signe porteur de sens. Les pictogrammes ne se contentent pas d’être beaux ou d’alléger une mise en page, ils servent à expliquer une information d’ordre général, une émotion ou une opinion qui doit être comprise en un coup d’œil sans se référer à l’écriture ni à la langue.
Symboles d’universalité : pictogramme, logo, emojis et icône
Compréhensibles par tous puisque au-delà des barrières linguistiques, ces dessins emblématiques ont chacun leur rôle. Si le picto est porteur de sens, le logo, est le visage d’une marque. Il représente un nom, une identité visuelle et jouera davantage sur la typographie et les couleurs d’une charte graphique. Les emojis, ou émoticônes ponctuent les messages de jaune, en petites notes d’humour qui se revendiquent de plus en plus symboles des luttes sociales. L’icône est un pictogramme plus petit, surtout utilisé pour simplifier l’ergonomie d’un site et, le plus souvent, suggérer une action. Au figuré, une icône est une personne qui symbolise un courant.
Keith Haring, l’icône des pictos
Inspiré par la culture underground et les graffitis foisonnant dans les rues new-yorkaises des années 80, l’artiste américain a créé un univers visuel symbolique facilement reconnaissable. Il répète à l’infini des formes minimalistes aux couleurs vives soulignées de noir pour écrire un récit peuplé de bébés rampants, soucoupes volantes, chiens aboyeurs, serpents, anges, danseurs, silhouettes androgynes… Défenseur du mélange des genres et des gens, il a tourné sa vie dans tous les sens pour mettre en scène ses valeurs et, par ses pictogrammes, attirer l’attention sur les grandes questions de société : les excès du capitalisme, le racisme, l’homophobie, le nucléaire, la religion ou la politique. Mais aussi sexualité, pulsions de mort et bien sûr le sida qui frappe de plein fouet sa génération et l’emporte à l’âge de 31 ans.
Conjuguer beaux-arts et culture populaire
L’ambition de Keith Haring était de créer un art public accessible à tous, d’être proche des gens qui n’avaient pas forcément la chance de fréquenter les musées : « Le public a droit à l’art… L’art est pour tout le monde. » Il utilise un moyen simple – le dessin, universellement compréhensible puisqu’au-delà des barrières linguistiques, qu’il diffuse sur des supports ouverts à tous : l’espace public. Il s’empare des panneaux publicitaires provisoirement inoccupés par les productions des agences en communication visuelle et fait à la craie blanche des dessins en lien avec l’actualité du moment. Pour être encore plus proche de son public, en parallèle des expositions internationales et autres commandes prestigieuses, il ouvre en 1986 à Soho son Pop Shop où il vend ses œuvres au détail.
Keith et la Belgique
C’est en voyant une exposition de notre Pierre Alechinsky national que Keith Haring s’est décidé à exposer dans les galeries internationales. Fin des années 1980, il peint plusieurs grandes peintures murales en Belgique. Et, en 1996, une chaîne de fastfood belge offre à ses clients des verres décorés d’un pictogramme de l’artiste : Keith Haring utilise le merchandising pour être encore plus proche de son public.
The medium is the message
Car Keith Haring a bien compris que ce qui nous touche d’abord et fait évoluer notre perception n’est pas tant le contenu du message que son contenant – le support et le moyen utilisé pour diffuser l’information. Au même titre que le langage non verbal nous en dit parfois davantage que les mots exprimés par notre interlocuteur.
Parce qu’un dessin vaut mille mots
La sérendipité en mode Haring
Ou l’art de prêter attention à ce qui surprend et d’en imaginer une interprétation pertinente. Car si le style faussement naïf de Keith Haring a des allures psychédéliques avec ses couleurs éclatantes, et l’impression que ses sujets sont toujours en mouvement, chaque millimètre carré révèle une information. Tout est pensé, rien n’est superflu : la quintessence du pictogramme par la diffusion d’un message au service de l’art.
De l’outil informatique …
Au même titre, dans la culture web, les pictogrammes, à la fois icône et symbole, ponctuent l’ergonomie d’un site pour simplifier l’interface en utilisant le graphisme. Chaque picto hiérarchise l’information, et judicieusement placé, facilite la lecture pour permettre à l’internaute de se repérer rapidement dans une page. Personnalisés ou créés par l’agence en communication visuelle, ils participent au code graphique et renforcent par-là l’identité visuelle d’un site.
… à l’outil pédagogique
Les pictogrammes sont aussi précieux pour apprendre la lecture aux enfants en faisant correspondre l’image et le texte. Ils sont utilisés pour faciliter la communication avec les enfants autistes et les aider à se repérer dans le temps, gérer leurs émotions, exprimer une demande, ou faire des liens entre les choses et les événements. Ce n’est peut-être pas un hasard si pour Keith Haring le bébé représente « l’expérience la plus pure et la plus positive de l’existence humaine. Les enfants savent quelque chose que la plupart des gens ont oublié ».
Keith Haring à Bozar
À Bruxelles, BOZAR présente une grande rétrospective de l’artiste américain légendaire. L’exposition présente plus de 200 pièces reflétant la diversité de l’œuvre de l’artiste résolument engagé : carnets et dessins, collages, peintures sur toile, sur bâche, sur bois, vidéos ou films réalisés par lui-même mais également documents d’archives, photos, affiches…
KEITH HARING – BOZAR jusqu’au 19 AVRIL 2020
Organisé par la Tate Liverpool en collaboration avec BOZAR/Palais des Beaux-Arts de Bruxelles et le Musée Folkwang, Essen.
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