La ville de demain matin, comment la communiquer
Rédaction : Anita Van Belle
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La planète brûle et l’urgence flambe. Nos villes et communes planifient des politiques de rénovation et de revitalisation urbaines durables. Elles font face à de multiples enjeux : loger les habitants, y compris les plus vulnérables, ramener de la nature dans les quartiers et favoriser le vivre ensemble. Parce que vous aurez peut-être un jour à communiquer sur ce sujet, petit tour d’horizon de ces enjeux.
Ville et communes : le futur c’est aujourd’hui
Aujourd’hui, les architectes, les sociologues et les citoyens s’entendent a minima sur une affirmation : une ville, c’est bien davantage que du bâti et des circulations. En ces temps d’urgence climatique et de post-pandémie, les fonctions de la construction et de l’aménagement urbain semblent même se multiplier.
La ville de demain (matin) sera inclusive : elle fournira du logement à ceux qui y vivent, y compris les plus démunis. Par ses aménagements autant que sa politique, elle permettra aux diverses populations d’y trouver leur place et de vivre harmonieusement ensemble.
La ville sera résiliente : absorbant le CO2 par ses aménagements paysagers, elle favorisera les circulations douces et les initiatives citoyennes en faveur du vivant. Face à l’urgence climatique, elle repensera sa gestion des eaux de pluie, sa politique de minéralisation et favorisera l’agriculture urbaine.
La ville sera participative : consciente qu’elle ne pourra se transformer sans l’implication de ses citoyens, elle cherchera à multiplier les espaces de rencontres et d’empouvoirement.
Face à ce programme, deux temps : ceux du changement climatique et des dossiers administratifs peuvent se heurter. L’échelle locale prend toute son importance dans la ville de demain matin. Un outil comme le contrat de quartier durable permet aux communes bruxelloises d’apporter dès aujourd’hui des réponses à ces enjeux.
Rénovation urbaine
L’incivilité et la violence prennent plus profondément racine dans les quartiers décatis, qui semblent abandonnés par les pouvoirs publics. La rénovation urbaine ne concerne donc pas simplement la réfection de bâtiments ou d’espaces publics dont la fonction initiale ne correspond plus aux nouveaux usages ou qui ne remplissent pas correctement leur rôle. Elle a une fonction élargie d’attention au patrimoine, qui prend en compte les besoins des habitants et propose des rénovations qui y répondent.
Dans le cadre des projets de Revitalisation urbaine, la commune de Saint-Gilles rénove un immeuble pour créer des logements accessibles aux petits budgets, transforme un espace existant en halle alimentaire et aménage un lieu ludique de rencontre pour parents et enfants.
La ville de demain : les circulations
La gestion des eaux de pluie
C’est une métaphore connue : les avenues sont les artères, les rues les veines de la cité. Comme pour le corps humain, la circulation des véhicules, des biens et des personnes est saine si elle est fluide.
Aujourd’hui, d’autres circulations apparaissent comme cruciales. Le problème de l’évacuation des eaux de pluie nous est apparu dans toute sa violence cet été 2021. En effet, l’imperméabilisation quasi totalitaire des sols urbains empêche la rétention et l’absorption des eaux « du ciel ». En cas de fortes précipitations, rien ne ralentit les eaux, qui cavalcadent dans les rues. Les avaloirs sont rapidement bouchés et l’inondation guette. Face à la menace, l’aménagement de bassins d’orage ne semble plus suffisant. Désimperméabiliser, végétaliser de nouvelles surfaces, désenclaver les cours d’eau, sont apparues comme des priorités pour les communes.
Cependant, elles n’arrivent pas seules et doivent s’intègrer dans une réflexion globale d’aménagement du paysage urbain.
Restaurer des couloirs de verdure
Car une autre circulation fait l’objet d’études : celle des organismes vivants, végétaux et animaux. La création d’un maillage vert, de couloirs végétaux dans la ville, mobilise différents acteurs. Il s’agit de ne plus interrompre brutalement le passage des graines et des oiseaux, pour ne citer qu’eux, par des zones bétonnées infranchissables. La fraicheur de la ville en temps de canicule, sa résilience face aux phénomènes climatiques extrêmes, passe aussi par là.
Si le maillage vert fait l’objet d’un plan régional de développement durable, il s’appuie notamment sur la liaison entre petits et grands parcs, toitures végétalisées et jardins privés. Les communes ont un rôle à jouer à cette échelle en favorisant la création de jardins publics en cœur d’îlot ou en créant de nouvelles liaisons entre les espaces verts existants.
Planter, planter
En 2019, la commune de Schaerbeek a adopté un nouveau règlement pour la végétalisation de l’espace public. Elle s’est dotée d’un plan de gestion différentiée qui prend en compte les caractéristiques propres à chaque site pour son entretien. Elle a également décidé de favoriser l’utilisation de matériaux de récupération dans les nouveaux aménagements.
Constatons que, deux ans plus tard, ces gestes positifs nous semblent basiques et, d’une certaine manière, insuffisants.
Aujourd’hui, les communes se posent des objectifs multiples. Les programmes de gestion des espaces verts sont amplifiés dans différentes entités par la nécessaire plantation d’arbres, le rétablissement de liaisons entre (petits) espaces verts, la préservation de zones sauvages, l’installation de pépinières de quartier, l’attention et l’incitation aux toitures et façades plantées et même l’installation de nichoirs ou d’hôtels à insectes.
Jamais sans mes citoyens
Planter, ensauvager, un geste citoyen. Mais comment amener des populations très diverses à s’impliquer dans la résilience de leurs lieux de vie ? Entre le lycéen d’Etterbeek qui affirme avec toute la fougue de sa jeunesse « qu’il n’y a pas de nature en ville » et les citoyens qui se mobilisent et forment des comités de quartier pour demander que les études de rénovation urbaine incluent davantage de verdurisation, il y a un chemin de sensibilisation et d’écoute que les communes ont entamé et poursuivent.
Le « bottom-up »
Cette expression représente, pour les villes et communes, un processus qu’elles ne peuvent plus éluder. Trop d’initiatives et de propositions partent désormais de la base (bottom) citoyenne. Les intégrer dans les décisions prises par les administrations (up) représentent, non seulement, un apport d’énergie extérieure, mais une chance supplémentaire que les projets d’aménagements et de rénovation soient bien accueillis, respectés, voire pour partie entretenus et étendus par les habitants des quartiers.
La consultation et l’information préalable sont désormais des prérequis pour la programmation des contrats de quartier. La tenue d’assemblée générale, de commissions de quartier, permet d’attirer les citoyens les plus concernés et les mieux informés. Pour les autres, antennes mobiles, ateliers, activités festives et ludiques représentent d’autres moyens de sensibilisation et d’appel. Ainsi, dans le cadre de son contrat de quartier Parvis-Morichar, la commune de Saint-Gilles a réalisé plus de 500 visites et animations pour petits et grands.
Empouvoirement
Traduction littérale de « l’empowerment » anglophone, l’enpouvoirement consiste à remettre une partie des mouvements d’inclusion ou de végétalisation entre les mains de citoyens ou d’associations, quitte à les accompagner par des formations ou des actions ponctuelles, de sécurisation, par exemple.
Ainsi, les communes, dans le cadre de leurs contrats de quartier, lancent des appels à projets favorisant la nature en ville ou l’occupation temporaire de lieux. Dans ce second cas, la mixité des propositions, des ateliers d’artistes aux potagers urbains en passant par les activités destinées aux jeunes, offre un véritable laboratoire de nouvelles manières de créer, de travailler et de vivre ensemble.
À Ixelles, l’occupation transitoire du site See U, destiné à devenir un nouveau quartier universitaire, et qui abrite aujourd’hui un cinéma, un marché bio, des food trucks, plus d’une centaine de porteurs de projets issus des milieux associatifs, culturels, économiques, universitaires ou éducatifs, démontre par son ampleur et son succès que de tels programmes sont synonymes d’innovation sociale et durable.
Rénover et revitaliser
La ville de demain, après la pandémie
L’ensemble des contrats de quartier dans nos communes vise une amélioration de la qualité environnementale et du bien-être des habitants des zones concernées. Cela passe par des initiatives favorisant l’interaction et la cohésion sociale. Ces mots, qui figurent dans toute communication sur le sujet, prennent une saveur différente après le surgissement de la pandémie qui nous hante encore.
Pendant une longue période, se retrouver signifiait pour beaucoup d’entre nous arpenter ensemble les parcs ou se fixer rendez-vous sur un banc. L’espace public, qui a pour vocation théorique de favoriser des relations sociales à un niveau sociétal, est également devenu le théâtre de nos relations intimes. Les parcs, les squares, se sont transformés en endroits où converser, manger, se retrouver, en dehors du cadre festif organisé des « apéros urbains ». Il est à parier que rénover et revitaliser la ville s’en fera l’écho, d’une manière ou d’une autre. Dès après-demain matin.
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