La pensée divergente en action : Chiharu Shiota
Rédaction : Anita Van Belle
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Me Somewhere Else de l’artiste japonaise Chiharu Shiota est une œuvre proliférante. D’immenses filets rouges suspendus dans l’espace dessinent un réseau complexe. Circulation sanguine, réseau neuronal, interactions sociales… Tout cela fait image. Nous y voyons aussi la représentation de cet essentiel de la créativité : la pensée divergente. Explication.
Toute l’œuvre de Chiharu Shiota reflète les questions fondamentales qui la nourrissent. Plus précisément, dans le cas de Me Somewhere Else : ma conscience peut-elle exister en dehors de mon corps ?
L’artiste japonaise créée ses installations en nouant des brins de coton ou de laine. De fil en fil, d’immenses réseaux se tissent. Ses œuvres, de la couleur du sang, témoignent d’une pensée en action, une pensée libre, que les psychologues de la créativité qualifient de divergente.
Tricoter la pensée divergente
En premier lieu, dans l’œuvre de Chiharu Shiota, il y a le geste : nouer, tricoter… S’il donne à voir sa technique de création, c’est également lui qui est chargé d’apporter une réponse à la question posée par l’artiste au départ. C’est dans le geste mille fois répété avec une infinie patience, que se forme un labyrinthe d’hypothèses qui contient des réponses.
Pour Me Somewhere Else, la performeuse a tricoté à l’aide du doigt de vastes filets. Ils représentent, dit-elle, nos réseaux neuronaux, entre autres choses. En somme, voici ce que nous voyons dans ces milliers de mailles : nos idées sont des connexions. Durant une seule journée, nos neurones se connectent entre eux à l’infini. Voici notre pensée qui s’étend, qui explore, sans contrainte. Tout ceci, du geste qui formule les hypothèses au jaillissement libre des idées, c’est la pensée divergente tout craché.
Mais la pensée divergente, qu’est-ce que c’est ?
La pensée divergente, vous la connaissez déjà. C’est le fameux :Think out of the box. Qui ne se l’est pas répété en tentant de happer une idée ? Une injonction judicieuse, mais qui peut laisser perplexe. Et comment j’y arrive, alors que tout ce que l’on m’a appris va dans l’autre sens ?
Là-dessus, pas de panique. La pensée divergente est une méthode, qui se travaille. Certes, à l’école, on vous demandait de trouver LA solution. Du raisonnement, de la logique, please. Éliminons les possibles jusqu’à trouver LA réponse correcte. Avec la pensée divergente, c’est tout bonnement l’inverse. Il s’agit de chercher et de formuler plusieurs réponses possibles. L’idée, c’est que chaque problème possède de multiples solutions. Et que les chercher sans tabou débouche sur une créativité accrue.
Penser divergent, l’atout d’une créativité bouillonnante
Si vous êtes créatif, vous êtes familier avec le processus. Dans une agence de communication visuelle, c’est une évidence. UNE solution ne sera pas forcément LA solution du client. Alors c’est parti pour la valse des idées. Les esprits s’échauffent. Dans un court laps de temps et de manière non dirigée, les propositions surgissent. Liberté, fluidité, pensée arborescente sont les valeurs de l’instant.
Jaillies de l’imagination des participants, de nouvelles possibilités s’esquissent. L’équipe va les poursuivre. Valent-elles la peine ? Elles passeront au stade de la création. Une méthode qui demande une pincée d’anticonformisme, de la curiosité et de la persévérance. Les ingrédients d’une créativité bouillonnante. Ce sont les tourbillons rouge sang de Me Somewhere Else qui explosent dans la salle blanche sans ordre ni raison.
La pensée latérale
Théorisée par Edward de Bono, la pensée latérale est une variante de la pensée divergente. Elle y ajoute une notion intéressante d’espace et de déplacement. Faites un pas de côté. Il s’agit cette fois de considérer le problème selon différents angles de vues, un peu comme si l’on tournait autour.
Tout cela paraît abstrait ? Revenons à Me Somewhere Else. Un coup d’œil suffit à nous convaincre. Non, notre pensée ne suit pas une ligne droite. Elle jaillit, puis elle oblique. Elle folâtre. Dans notre esprit, une pensée mène à l’autre, de nœud en nœud. C’est le jeu (très créatif) de l’association d’idées. C’est à ce type d’enchaînements que le fameux exercice de pensée divergente destiné à créer des liens improbables : « Que feriez-vous d’une brique et d’un crayon ? » fait appel.
Et la convergence dans tout ça ?
Ma conscience peut-elle exister en dehors de mon corps ? La question de Chiharu Shiota, comme ses formes, se diffracte. Comment se nouent mon corps et ma mémoire ? Quel lien entre la vie et la mort ? Cependant, à un moment donné le processus s’inverse. C’est le moment où tout « se met en place ». Le moment où les réponses s’esquissent quelque part dans le labyrinthe de fils.
Car la pensée divergente prend tout son sens lorsqu’elle se rassemble. Organisées, ces idées folâtres, ces solutions multiples donnent corps à des propositions. À de futures réalisations. C’est l’étape de la convergence. De la verbalisation des liens entre les choses et les concepts. Le moment de la structuration. Encore faut-il y voir clair.
Le temps suspendu
Dans Me Somewhere Else, deux pieds de bronze sont bien ancrés au sol. Une vague silhouette surmontée de nuages de fils s’effiloche. Un doigt tricote. Voici l’inspiration délestée de la raison. Comment ce processus aboutit-il à une œuvre achevée ? Ou, dans le cas d’une agence de créatifs, à des propositions validées ? Quand est-ce que l’on s’arrête ?
La pensée divergente se stimule grâce à une paire d’outils. Utilisez sans modération la liste de questions, les plans de solutions… Puis, accordez-vous l’essentiel : le temps de la réflexion. Ce temps suspendu, où vous laissez votre esprit vagabonder, où vos pensées voguent avant de s’articuler est indispensable à l’émergence d’une logique.
Le bien-être, allié de la créativité
Dans un autre ordre d’idées, c’est au moment où l’on abandonne le fil qu’on trouve. En le laissant pendre. En lui tournant le dos. L’une des réponses à la question de Chiharu Shiota se trouve dans le titre de l’œuvre : Me Somewhere Else. Ma pensée existe quelque part à l’extérieur de mon corps, ailleurs. C’est une réponse tirée de l’enchevêtrement de fils, de réseaux, de cellules. Car l’œuvre a été entamée sous l’action du cancer. La prolifération désordonnée n’est pas un hasard, mais une image supplémentaire.
Pour le créatif, l’abandon serait le regard détourné. Pendant un moment, les croquis ou les solutions possibles reposent. Puis on les reprend. Le résultat est là, en devenir. On voit soudain les différentes propositions possibles. On saisit d’un regard neuf une forme inédite. C’est bouclé. Et puis, le meilleur pour la fin : si le temps de la réflexion, le temps suspendu, sont indispensables, le plus grand allié de la pensée divergente, c’est le bien-être. Votre créativité atteint des sommets lorsque vous vous sentez bien. Optimiste. Joyeux.
« Mieux vivre pour mieux penser. » Quel meilleur conseil vous donner ?
Pour découvrir l’œuvre de Chiharu Shiota : Musée des Beaux-Arts de Bruxelles, jusqu’au 09.02.2020.
Pour pratiquer avec nous la pensée divergente : prenez rendez-vous… Création de sites web, création graphique, digitale, vidéo, motion design, copywriting,… en fait, nous la pratiquons au quotidien dans l’ensemble des activités de notre agence web et studio graphique à Bruxelles et à Liège.
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